MARS 1594.                                617
« bien petit compagnon : » le fist descendre d'Esau, qu'il prescha estre le grand pere des politiques.
Ce jour, l'apotiquaire de Saint-Antoine des Champs aiant esté pris de bonne guerre par ceux de Saint-De­nis, fust renvoyé de M. de Vicq à Paris avec une trom­pette , sur l'asseurant qu'il lui donna qu'il n'estoit et ne seroit jamais Hespagnol. Enchargea au trompette de dire de sa part à la porte, à ceux qui y comman-doient, que son intention n'estoit plus de faire la guerre aux bons François catholiques, mais seulement aux Hespagnols. A quoi la. pluspart de ceux de la porte respondirent, et entre autres un nommé Phelippes qui y commandoit, qu'ils n'estoient point Hespagnols, mais bons catholiques françois, et ne seroient jamais autres; qu'ils se recommandoient à M. de Vicq, et le remer-cioient. La verité toutefois estoit que ce prisonnier, auquel on avoit donné les champs, estoit archiligueur et seize, et Hespagnol ; mais il ne fust sceu qu'apres que M. de Vicq l'eust laissé aller.
Le lundi 7 de ce mois, Guarinus prescha le pecché contre le Saint-Esprit, qui dit estre proprement celui du Bearnois et des politiques; qu'ils estoient tous damnés infailliblement, et qu'il n'i avoit rémission aucune ni pour lui ni pour eux; que c'estoit une chose mons­trueuse qu'un politique; qu'il ne faloit avoir commu­nication aucune avec eux, non pas seulement les re­garder, pour ce que ce n'estoit qu'abomination ; qu'on se donnast garde hardiment de leur faccion : car un des leurs, de robbe longue, avoit dit ces jours passés que les Seize n'en estoient où ils pensoient; et qu'a­vant peu de temps qu'on verroit beau mesnage : qu'ils prissent garde aux portes.
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